mars 29, 2023

8 questions à Sébastien Berthelot : la révolution de la mobilité en marche

Nous avons rencontré Sébastien Berthelot, CEO de Moovee, une jeune société qui propose des solutions de mobilités innovantes. Moovee a démarré ses activités en 2018 avec l’ambition de devenir un acteur majeur de la mobilité des entreprises. Dès sa création, elle s’est appuyée sur un grand leaser de véhicules, ALD Automotive.

Moovee se développe principalement sur 2 axes : le conseil d’un côté, la gestion opérationnelle de l’autre (gestion de flotte externalisée).

 

Congestion

La congestion du trafic prend des proportions démesurées au Luxembourg. A qui la faute ? Et comment en sortir ?

« Aujourd’hui, il y a 2 acteurs majeurs : les pouvoirs publics et les entreprises. Le gouvernement a pris des initiatives très positives, avec la gratuité des transports publics et les aides financières au covoiturage.  Malheureusement, ce deuxième aspect est très peu connu du grand public. Par conséquent, nous en faisons la promotion auprès de tous nos clients. Cependant, le taux de covoiturage dépasse rarement les 5 à 10%, donc il ne faut pas en attendre des miracles, mais cela représente un premier pas pour transformer les usages et proposer des alternatives aux voitures de fonction individuelle. Nous sommes là pour aider les entreprises à trouver des alternatives, principalement celles qui sont conscientes de leurs responsabilités sociales et environnementales, mais qui ne savent pas forcément comment faire… Nous veillons également à les aider à rester attractives en proposant des alternatives à leurs collaborateurs. »

Au Luxembourg, la voiture individuelle a été longtemps sacralisée… Est-ce en train de changer ?

« L’hégémonie de la voiture individuelle est clairement dépassée. Mais le mouvement vers de nouvelles formes de mobilité, principalement partagée, n’est pas encore généralisé. Cela dépend fortement du public. Les jeunes urbains seront beaucoup plus intéressés par des formules de mobilité flexible alors que les plus âges sont un peu plus attaché à leur véhicule individuel, surtout s’ils sont frontaliers avec enfants. Quant à l’entreprise elle, doit trouver le juste équilibre entre les attentes qui ont changé et les objectifs qu’elle s’est fixé, en termes de CO2, stratégie RSE et maîtrise budgétaire. »

Quand et comment ?

« La question n’est pas tellement quand mais surtout comment enclencher le changement. Nous conseillons aux entreprises de connaitre précisément les besoins de ses collaborateurs avant de se lancer ; Il est préférable d’organiser une étude des besoins et des attentes au préalable. Sur base de cette étude, nous sommes en mesure de faire des recommandations précises. Ensuite, nous pouvons accompagner les entreprises vers la mise en œuvre et l’usage de ces moyens. Cela peut passer par des workshops avec les employés pour leur expliquer les moyens mis en place et leurs avantages. Nous observons souvent un taux d’adhésion élevé qui peut même parfois provoquer une saturation par rapport aux véhicules disponibles. Nous proposons alors à l’entreprise de renforcer l’offre. C’est plutôt bon signe car cela signifie qu’on a réussi à convertir les gens à ces nouveaux usages. La clé du succès, c’est d’abord d’avoir un sponsor dans l’entreprise. Ensuite, il faut bien calibrer la solution car si on sous-estime la flotte, cela peut créer de la frustration. »

 

Souplesse et diversité

Comment gérer la diversité des besoins ?

« Il faut offrir plusieurs solutions pour répondre à des attentes très différentes, notamment avec les frontaliers et selon la tranche de vie dans laquelle vous vous trouvez. C’est la raison pour laquelle l’étude préalable est très importante. D’autre part on observe une complémentarité forte entre co-voiturage et voitures partagées car ceux qui hésitaient à recourir au co-voiturage sont rassurés par le back-up que peuvent offrir les voitures partagées pour le trajet retour. »

Quel est le nombre minimal de collaborateurs pour pouvoir mettre en place des solutions de partage ?

« Il n’y a pas forcément de masse critique, nous avons accompagné des petites sociétés. Par exemple une entreprise de 20 employés a opté pour une solution 100% autopartage : ils ont 3 voitures partagées. D’une manière générale, cela dépend beaucoup du profil des personnes et de leurs besoins en mobilité. Il est important d’analyser la composition des effectifs pour déterminer la formule adéquate. Il n’y a pas de ratio universel. »

Quid de l’avantage en nature ?

« Les voitures de fonction sont soumises à un régime fiscal qui impute un avantage en nature aux salariés qui en bénéficient, ce qui réduit leur revenu net. Avec l’autopartage, c’est différent. Aucun avantage en nature n’est imputé s’il n’y a pas de véhicule attitré à une personne. C’est intéressant pour l’employé car il va payer en général 2 à 3 fois moins cher qu’une location court-terme sur le marché, et pourra utiliser le véhicule de manière sporadique, uniquement lorsqu’il en a besoin. Quant à l’entreprise, elle va pouvoir percevoir des revenus liés aux usages privés de ses véhicules en partage. »

Pour les RH, quels sont les choix à faire ?

« Les employeurs peuvent décider d’offres des budgets composés, et laisser libre choix au collaborateur de le composer à sa guise et en fonction de ses propres besoins. Cette solution offre une grade flexibilité au collaborateur, tout en pouvant construire sa solution avec des produits aux fiscalités avantageuses. Un collaborateur pourrait par exemple prendre un véhicule électrique en leasing, le compléter par un crédit pour du car sharing, une provision pour utiliser des véhicules thermiques pour partir en vacances ; Ces deux derniers points sont d’ailleurs très légers en termes de fiscalité. Ces packages peuvent également être utilisés pour accéder à d’autres options de mobilité comme un vélo électrique ou une trottinette en leasing. Ce sont des choix que les Ressources Humaines doivent faire. Bien entendu la gestion de « portefeuilles de mobilité » diversifiés est plus complexe… Mais nous sommes là pour aider les entreprises à gérer le système. »

Quels sont les retours d’expérience ?

« On a noté une accélération post-covid de l’autopartage. La mobilité partagée et l’économie du partage s’inscrit davantage dans les habitudes. Les utilisateurs de nos solutions ne voudraient en aucun cas revenir en arrière. Avoir accès à une voiture sans avoir à en subir toutes les charges d’entretien est vécu comme une délivrance. »

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